Vins d’Alsace, des pionniers de la biodynamie
Les Vins d’Alsace sous les projecteurs à la Maison de l’Alsace à Paris
Caroline Furstoss, sommelière de renom et journaliste à la RVF avait l’ambition de mettre cette « nouvelle vague alsacienne et biodynamique » à la une du magazine. La rédaction y a consacré la couverture et les commentaires de dégustation de 50 domaines testés et sélectionnés par Caroline.
L’ensemble des vins sélectionné a été présenté par le CIVA, Conseil des Vins d’Alsace aux professionnels du vin, cavistes, sommeliers et restaurateurs de la capitale.
« Les vins d’Alsace s’accommodent bien avec les cuisines française et japonaise, mais les parisiens ont encore du mal à en apprécier leur qualité et surtout leur diversité » selon Bunpei Someya, chef sommelier du restaurant Neige d’été, fin connaisseur de l’Alsace où il était en stage au domaine Kreydenweiss.
La Maison de l’Alsace est en quelque sorte le poste avancé de la Maison des Vins d’Alsace située à Colmar et le CIVA bénéficie d’une plateforme de qualité, idéalement située pour (re)conquérir Paris. Un objectif clairement annoncé par la nouvelle équipe autour du Président Didier Pettermann et du Directeur Gilles Neusch.
Les vins biodynamiques ont pris racine en Alsace
Sortie du ghetto folklorisé par ses détracteurs de moins en moins nombreux, la viticulture bio s’est parée de lettres de noblesse. En Alsace, les domaines les plus réputés ont évolué vers la biodynamie depuis le début des années 70. Eugène Meyer à Bergholtz ouvrait la voie, vite rejoint par Jean Pierre Frick à Pfaffenheim, Marc Kreydenweiss à Andlau et Jean Meyer Josmeyer à Winztenheim . Ont suivi Zind-Humbrecht, Domaine Weinbach, Albert Mann, Clos Saint-Landelin, Ostertag, Marcel Deiss, Etienne Loew et le domaine Trapet, mi-bourguignon et mi-alsacien, etc..
Pour la plupart de ces domaines, c’est déjà la transmission à une nouvelle génération qui suit le modèle des pionniers, ils sont rejoints par de nouveaux venus, souvent plus jeunes, qui ont pris des « noms de domaines » poétiques, dans l’air du temps : Les deux Lunes, la clé de sol, Achillée ou le vignoble du rêveur…
Ils sont désormais 60 domaines en Biodynamie, parmi les 175 certifiés bio qui représentent 15,9% du vignoble alsacien, le plus biodynamique d’Europe !
Plus précisément, la biodynamie est une philosophie qui considère que la plante, le sol et la terre sont un écosystème, dont il s’agit d’assurer l’équilibre. Elle se traduit dans des pratiques qui tendent à abolir tout intrant de synthèse, à apporter des soins favorisant la qualité de la terre et l’enracinement de la vigne, à travers notamment l’utilisation de préparations biodynamiques, le travail du sol souvent au cheval et l’application de calendriers solaire et lunaire.
La demande explose : le marché des vins BIO a été multiplié par 4 en 12 ans et génère des surfaces en hausse et une filière plus gourmande d’emplois. C’est le moyen de conquérir une clientèle nouvelle, celle des jeunes notamment, qui représente 14% des consommateurs de vins bio, une clientèle plus soucieuse des questions environnementales et de la traçabilité des produits. 10% des consommateurs de vins bio ne consomment pas de vins conventionnels.
Grace à la biodynamie, on trouve des fleurs, tulipe sauvage, lupin, ail des ours, coquelicot dans les vignes de Vincent Fleith, vigneron à Ingersheim. Il n’a jamais quitté l’Alsace, sauf pour aller travailler dans le Beaujolais, en Californie et en Australie. Vincent poursuit le travail commencé par ses parents mais il souhaite aller plus loin. Membre actif de l’association Vignes Vivantes, il réfléchit sans relâche à sa pratique de vigneron. Son engagement et ses convictions sont ses meilleurs garants pour la qualité et l’authenticité de ses vins. « L’important, c’est de garder dans les vins la minéralité et le caractère des terroirs alsaciens. »
La première ferme en biodynamie a vu le jour en 1924 en Alsace. C’est dans l’une d’elles qu’Olivier Humbrecht s’est rendu pour acheter du fumier parce que son compost “ne démarrait pas”. Et pour cause, le fumier qu’il utilisait était bourré d’antibiotiques. « J’ai alors compris qu’il fallait nourrir la terre, pas la plante, pour qu’elle puisse distiller tout ce dont le végétal a besoin, et qu’une autre nourriture éthérique l’y aidait. » Ingénieur agronome de formation, Olivier Humbrecht apporte sa science et sa rationalité à la biodynamie, dont il est devenu l’un des principaux chefs de file.
Domaine Zind-Humbrecht Turckheim Certifié depuis 1998
Le vignoble alsacien est d’une incroyable diversité géologique ! C’est comme une mosaïque, on y trouve des terres argilo-calcaires, des alluvions, des granites, des marnes… c’est une richesse qui est parfois méconnue, on connait plus l’Alsace pour ses cépages que pour sa géologie alors qu’elle est toute aussi incroyable. C’est vraiment un très beau terrain surtout en agriculture biodynamique, en harmonie avec la nature.